Une seule fois

7 mars 2012 Comments Off


A quelques centaines de mètres de la Flandre, sous les toits. C'est dimanche, la radio braille des tubes europop en néerlandais, des chats courent sur la véranda, la chambre est illuminée, nous partageons un petit déjeuner tous ensemble. Cette fille d'ouvriers de Charente aux cheveux dorés beurre ses tartines, elle sourit parce qu'elle aime offrir et qu'elle me donne de son pain blanc et de la confiture aux airelles. De l'autre coté de la table, Georges regarde au loin les transats et le ciel anormalement bleu, il me parle des avions qui vont jusque Kinshasa. Sa voix est un apaisement sans nom, malgré l'accent belge, malgré le ton étrange, un brin impressionnant, bruxellois. Je n'avais pas ressenti ça depuis plusieurs mois, cette sensation d'être en moi, ici, chez moi. Cette nouveauté construite d'une seule pièce, taillée dans une pierre douce avec laquelle on ne construit aucune statue. Ce bloc unique de volonté de vivre, de dépassement de soi, de sensibilité d'amour et d'émotion.

La veille, nous sommes restés dans la salle des tableaux de Rubens au Musée Royal. Immobiles, debout, en dévotion. Je regarde un clair-obscur sanglant qui n'évoque plus rien en moi quand je pleurais auparavant devant le Caravage. Je me protège tellement à l'intérieur que je ne me laisse plus re sentir. Nous étions pourtant rassemblés dans une sensibilité commune, quand la fille chantait au milieu des peintures. Je me suis souvenue de mon corps un peu tremblant sur ce quai de gare, presque sanglotant, saisi. C'était le début de l'histoire. Elle était venue à ma rencontre, dans son manteau rouge, petite fille aux allumettes. Et Georges avait préparé un diner. Je ne suis peut être pas bien née mais je suis bien venue. Je ne les connaissais pas, je voulais t'oublier. L'équation était simple : fuir, découvrir, donner. C'est dimanche, ça pourrait être le premier dimanche de mon arrivée. Cécile et Georges mangent leur céréales au lait chocolaté et le chaton joueur vogue de genoux en genoux en quête d'une main tendue. J'étais cet animal à la recherche d'une épaule, d'un bras. Je me souviens, je les ai chéris tous les deux en te regrettant pour la dernière fois.

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