At Last

28 août 2011 Comments Off

Orages violents sur New York City, voitures piégées quotidiennes, morts stupides dans un coin de garage, le monde a toujours son habituelle grosse tumeur à l'aine, mais cette semaine n'était pas ordinaire. Le mois d'août non plus, puisqu'il y a cette histoire à raconter, et qu'elle semble se finir. Il y a trente-cinq ans, tu partais d'un coup de tête quelque part, parce qu'au détour d'un café elle t'avait dit que tu fumais trop, que tu en avais surement marre d'être la sœur qu'on appelait tête de mort. Je ne sais pas si vraiment tu étais différente, et qu'elle difformité ils t'ont trouvé pour te mettre à ce point de côté.

Tu as grandis un peu avec moi juste par leurs remords. Je t'ai écris des centaines de lettres sans adresse que je postais quand même. J'ai un passe-temps étrange tu vois, d'écrire à personne et à tout le monde à la fois. Je ne sais pas comment tu as disparu, ni pourquoi personne n'a trouvé la force de te chercher, ils disaient tous que c'était fini à chaque Noël, que tu devais être en Afrique noire au fond d'un café tenu par les chinois, un verre d'alcool industriel ou de bière au mil, tes empreintes digitales effacées par le khat. Alors, du Sénégal au Cameroun, faire tous les annuaires, les registres, listings de données molles, l’œil avide de ton nom de partout; De partout appeler des homonymes dans l'espoir de rencontrer ta voix. Inconnue dans l'ombre, quelque part dans l'équation du monde je n'ai jamais cessé de penser à toi. Moi l'appendice étrange, parente éloignée dont on a toujours dit que tu étais mon portrait caché.

Et trente-cinq ans après, voilà mon écriture bancale et cette photo prise à Tunis avec ma mère, le cou entouré par un serpent, dont la queue tombe négligemment dans la poussette d'où poussent deux yeux noirs. La lettre balancée jusque Paris nord.  J'ai dit que j'étais de la Chambre des notaires de Vendée pour ton acte de naissance, et puis j'ai jeté mon cœur jusqu'à toi, moi je savais que cette fois je ne me trompais pas. Le mois d'août n'a pas été ordinaire, non, j'avais rêvé de ce moment depuis des millénaires. Je sais que tu m'as appelée, plusieurs fois, tu as entendu ma voix de l'autre coté du grand bateau noir des années, et puis tu raccrochais. Je ne suis qu'un collatéral, intermédiaire du vide. Ton numéro en 01, j'ai pas voulu le décrocher non plus. Faire tant de choses pour te trouver pour au final ne pas être capable de te parler. Après tout, je ne suis qu'un appendice étrange, tu ne sais même que je suis née, qu'on m'a parlé de toi toute ma vie, toute ma vie sa sœur fantomatique. Le drame de ma mère, que tu ais disparu, les disputes de Noël sur ce passé que je ne comprends pas, c'était tout ça pour toi. 

Trente-cinq après. Vingt secondes de toi à mon oreille, quand tu me dis pourquoi maintenant, alors que c'est parce que personne n'a réussi avant à te trouver. Tu as une voix de fumeuse, et quand tu te sens mal à l'aise, tu deviens détachée. Te circonscrire rapidement. Bien sur que je viens, je prends le prochain train, samedi matin. Bien sur que je viens.
 

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