Le baiser Modiano

16 juin 2011 Comments Off

Caresser en pensée ce fond de coquillage, mettre la mer dans mes oreilles, me laisser porter dans le sable m'enfouir avec les algues m'enrouler de l'écume, devenir vague en vas et viens, le long d'une plage m'échouer doucement. Fermer les yeux sur ce morceau de soleil, faire de ces jours gris des tessons de lumière. Il s'agit d'oublier que je suis au fond d'un train immobilisé sous la pluie depuis dix-sept heures. Une fumée noire s'épanche entre deux rails que l'eau ne semble pas atténuer. Je sombre doucement dans le coma habituel dans un coin de compartiment. 

Le paysage est une tranchée de remblais où poussent des fleurs sauvages entre les pierres, une claustrophobie latente sème son petit chemin entre les wagons. Moi je m'en fous, j'ai mon laisser passer pour le bonheur demain. Les gares se succèdent et j'attends de t'attendre. Il est vingt-deux heures sur Lyon la nuit tombe doucement, on accoste le long du quai B, je suis sur le pont supérieur. Je prends le fauteuil duplex bas coté fenêtre pour pouvoir découvrir ta silhouette au loin sur le rebord. Ne pas rater une seule seconde de toi.

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