Regional Express

29 novembre 2010 Comments Off

Le ciel est si bas qu'on pourrait effleurer les nuages du doigt et se fondre dans la brume, coton d'anonymat. Devenir cette foule d'inconnus, devenir les rues et les champs gris, les bruyères, les petits ruisseaux et les morceaux de buis. La route de Grenoble dans le paysage givrant et les feuilles mortes est d'une tranquillité morbide. Le train glisse dans l'hiver, sur ce trait de suif entre les montagnes et leur linceul blanc. A l'intérieur du régional express il y a comme un recueillement dans le silence, l'appareil à annonces est cassé, la lumière aussi. 

C'est comme si l'aube n'allait jamais se lever, que ce sera l'aurore tout le temps des cimes jusqu'aux vallées, et qu'on va continuer cette route entre les cols, machine magique et mystérieuse, jusqu'à l'Italie, rouler vers les lacs et leur surface miroir et leur infini calme. Traverser Vérone, Côme, les cours d'immeubles ornementées, les jardins. Et puis poursuivre à l'Est, infiniment. Infiniment s'étirer dans la brume, se ceindre de brouillard. Rendre mes mains, mes yeux, me disperser à l'étang. Dissoudre le physique, chaque atome, ôter l'obligatoire. 

A présent, je suis seulement mon Cœur, petit rouge palpitant, traversant la vitre, voguant toutes veines dehors à travers les montagnes. L'aorte à la nature, nue dans un champ de blé à moitié mort à moitié germé. La Tour-du-Pin, Voiron. Il parait si loin ton corps, chaud, humain, réconfortant.

What's this?

You are currently reading Regional Express at Vie secrète.

meta

Comments are closed.