Le souvenir de la mer

18 novembre 2010 Comments Off

Le port de Barcelone, octobre 2010

Dès que tu reviens, quelque chose en moi se tort et se retourne, s'agenouille à tes yeux, à l'autel du hasard.
Solaire, ta nuque sous la couette, c'est mon petit matin.
Celui que je ne vois plus, aveuglée dans le train.

Ce soir sous le pont ferroviaire, dans cette solitude abrupte qui fait de novembre une nuit constante et lourde et un peu douloureuse, je marche brutalement. Mes jambes griffent l'asphalte jusqu'au PVC moche de la gare Rive de Gier, jusqu'au parquet ancien après le cours Vitton. Faire mourir mes pieds, mon corps et tout ce qui reste sur le canapé, entorse de fin de journée. Et dès que tu reviens, fondre jusqu'à ton cou, glisser dans le tout calme, s'arquebouter jusqu'au bout de ta petite main jusqu'au creux de tes bras où le vacarme meurt. Ni bruit des machines mondes, ni sytèmes à deux balles. Ni presse gratuite hostile, ni foules anonymes. Un bonheur tranquille grille les mondanités. Rien ne sert de parler.

Emmène moi encore, où tu veux ça m'ira, Barcelone ou Berlin, Sourdun ou Ankara. Je sais que mes faiblesses m'accompagnent, comme un fidèle amant. Que j'ai peur que tu me laisses sur un coté de route, que j'ai peur des nuits sans tes bras des nuits sans moi sans ton odeur sans saveur, de Grenoble et du froid.

Enchâssée entre les montagnes, ne reste que le souvenir de la mer. A Lyon les feuilles rougeoient dans le parc quand il y a quelques semaines nous riions dans le sable, prenions des tramway climatisés au hasard enlacées aux stations. La plage était musicale et les jambes dénudées, les terrasses la nuit étaient bondées et l'on vivait pour quelques temps sur le lever de soleil place Catalunya, sur les marchés catalans fleuris de fruits et d'épices, sur cette terrasse du bari gothic où je t'aurais presque épousée. Les rues étaient bordées de palmiers autant que de touristes, ça sentait la charcuterie locale, les petits poissons et le chocolat chaud. Les parcs étaient si lumineux que les photos sont blanches.

Bip bip strident au fond de la mezzanine de bois sombre,
Obscur mardi matin sept heures un neuf novembre.
Anachronisme brut du bruit des mouettes sur la corniche de Barceloneta.
Sur ton parfum, animal et suave, juste à côté de moi
Il est samedi quinze heures, avril entre les draps.

What's this?

You are currently reading Le souvenir de la mer at Vie secrète.

meta

Comments are closed.